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ECOVOLONTARIAT EN RUSSIE
RÉSERVE LUPUS LAETUS

mongolie

Lorsque nous sommes arrivés à Kostomuksha, l’assistant terrain de l’association Lupus Laetus, Iouri, nous a accueillis puis emmenés dans le petit village de Voknavolok à environ 50km plus au nord. Après avoir suivi différentes pistes à travers la forêt, nous avons arrêté le véhicule sur les rives d’une rivière.

A ce moment, deux écovolontaires, Maud et Camille, sont venues nous chercher en barque pour nous emmener sur l’autre rive où se situe le campement.

La maison où nous sommes accueillis est une ancienne ferme en bois, avec un sauna à l’intérieur. Il n’y a pas d’eau courante, ni d’électricité. L’eau du lac sera notre ressource, un générateur pour l’électricité nous permettra de recharger les batteries environ deux heures par jour.

A notre arrivée, deux oursons hibernent encore dans une tanière à 20 mètres de la maison. Ceux-ci ont été au contact de l’homme après leur naissance et l’association souhaite les réintroduire dans la nature. Ils sont arrivés à l’automne dernier et ont choisi la grange de la maison comme tanière.

Le réveil des oursons s’effectue mi-mai et nous leur posons des puces afin de les pister. En effet, le risque d’une telle réhabilitation est qu’ils se dirigent vers un village en quête de nourriture.

Après avoir mis les puces, les oursons sont retournés dans leur tanière. Ils sont sortis le lendemain et sont restés dans les environs de la maison. Ils sont allés vers le ponton lécher quelques restes de poisson puis se sont dirigés vers notre compost avant de se recoucher jusqu’au lendemain.

Le manque de nourriture sur les lieux les rendait de plus en plus agressifs et ils cherchaient à entrer dans la maison. La situation était très drôle par moments, notamment lorsqu’ils ont suivi Maud aux toilettes et essayaient d’ouvrir la porte, et à d’autres moments, nous étions inquiets sur le succès de cette réhabilitation.

Le soir même, Vladimir et Iouri les ont emmenés en forêt. Cela n’a duré qu’une nuit puisque dès le lendemain, ils sont revenus au campement, mais ne suivaient plus l’homme, ce qui semblait être un point positif.

Parmi nos tâches quotidiennes, nous continuons les travaux d’entretien, nettoyage, construction, amélioration, mais aussi randonnées dans la taïga et profitons bien évidemment de la présence des oursons pour prendre le temps de les observer.

En parallèle, huit oursons sont arrivés du centre de quarantaine de Saint-Pétersbourg. Des journalistes allemands sont venus filmer les conditions de leur réhabilitation dans leur environnement. En amont, nous avons préparé une barge pour transporter les oursons qui servira aussi de lieu d’observation. Une île d’un peu moins de 2 hectares a été sélectionnée pour les relâcher. Un campement très basique a été installé en face de l’île afin que des écovolontaires restent en permanence à observer l’activité des oursons et leur préparent à manger.

Après leur relâché, il y a eu quelques complications, puisqu’un ourson a été retrouvé mort, un autre a disparu. L’ourson a été très probablement tué par un ours mâle adulte. Il a donc été décidé d’avoir une permanence sur l’île afin d'éviter la présence d'animaux sauvages, mais aussi de pêcheurs un peu trop curieux.

Au camp de base les deux oursons ont finalement pris le chemin de la forêt et nous avons perdu leur trace malgré la présence des émetteurs. Après 4 jours de recherches, la femelle rentre seule au campement la faim au ventre et adopte à nouveau un comportement de suivi de l’homme. Face à cette nouvelle situation il est décidé de l’emmener en forêt, de rester avec elle 24h sur 24 et de lui apporter un complément alimentaire sans qu’elle puisse nous associer à cette nourriture. Cette opération est délicate mais heureusement momentanée car l’abondance des baies au mois de juillet fera le bonheur des ours. Finalement après quelques jours de suivi, son frère est de retour, ce qui permet à l’équipe de souffler un peu et de les laisser ensemble en forêt tout en gardant un œil sur eux.

En parallèle, Vladimir a ramené un lynx et deux oursons pour les relâcher sur une île et suivre leur comportement à l’aide de pièges photos.

De notre côté l’heure est venue de quitter la réserve et de préparer notre départ pour la Mongolie. Notre véhicule n’a pas roulé pendant deux mois, mais il a démarré au quart de tour… Notre ami Mendes (Eric Maufay) nous a bien conseillés sur le choix du véhicule.

Par contre, une petite bergeronnette a compliqué notre départ puisque celle-ci a installé son nid dans notre pare-choc, sur les cordes élastiques. 3 jours avant le départ, nous avons déplacé le nid et ses 6 œufs à côté du véhicule, dans un abri que nous avons fabriqué. Malheureusement, la bergeronnette a abandonné ses petits. Ils ne sont pas morts pour rien, puisque nous les avons utilisés pour nourrir un jeune hibou moyen duc.

Nous quittons donc le campement en ayant une pensée aux autres écovolontaires qui continuent le travail et avec qui nous avons passé de très bons moments. La construction de la maison en un temps record (moins de 8 jours) fut un superbe moment. Un grand merci également à Cyril qui a composé les musiques de notre film.

De retour à Kostomuksha, Iouri nous accueille chez lui et nous profitons de nos derniers jours pour découvrir une autre réserve interdite au public. Il s’agit d’une forêt vierge et non exploitée où nous pouvons voir des arbres d’environ 300 ans.

Iouri et sa famille figurent parmi nos plus belles rencontres en Carélie. Iouri s’est occupé de nous comme s’il était notre père et s’est arrangé pour que notre voyage se poursuive au mieux, notamment en nous donnant des contacts sur la route (à Moscou et Oufa), mais aussi en s’occupant de l’administratif (téléphone, assurance voiture, cartes routières…). Il va désormais voyager avec nous, puisqu’il nous a offert une de ses vestes, et sa femme un sac de provisions… Trop mignon papa Iouri et maman Marina…

Pour ceux qui aiment le dépaysement, vous ne serez pas déçus en venant en Carélie. En effet, lorsqu’on a la chance de passer du temps dans la taïga, nous avons l’impression que le temps s’est arrêté et que nous sommes seuls au monde.