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CAMBODGE

Chine


Nous rejoignons début avril 2016 le zoo de Phnom Tamao à 45 kilomètres au sud de la capitale dans lequel se trouvent les installations de Free The Bears « FTB ». Matt nous a invités à venir découvrir ce sanctuaire qui compte 137 ours. On y trouve des ours à collier et des ours malais que l’on appelle également ours des cocotiers. Notre première surprise est de découvrir que les ours à collier ne sont pas toujours noirs et nous sommes subjugués par la beauté d’une femelle à la fourrure dorée. L’ours malais est le plus petit des ours, son poil est court et on le reconnaît facilement à sa tâche jaune orangée en forme de U sur le poitrail et à ses petites oreilles. Ses griffes démesurées et sa longue langue lui servent à extraire le miel et les insectes dont il se nourrit. Tous ces ours ont été secourus par l’équipe de Free The Bears, avant qu’ils ne soient vendus dans des fermes à bile ou dans des restaurants.

Matt compte sur notre présence pour faire évoluer le jardin d’enfants où ces derniers découvrent des informations sur la faune sauvage tout en s’amusant. Le chantier est beaucoup plus simple que celui de l’enclos de Kuang Si et heureusement car la température élevée (50° au soleil) rend le travail physique très pénible.

Nev, le responsable du centre « FTB » nous conduits à la maison qui sera notre refuge jusqu’à fin avril. Nous nous attendions à une maison confortable, mais ce que nous découvrons dépasse largement nos attentes. Cette villa avec piscine, mise à disposition par un sympathisant de l’ONG, est immense et exceptionnellement, il n'y a pas de volontaires ce mois-ci. C’est un véritable paradis où nous allons pouvoir nous reposer et récupérer un peu des mois précédents où nous avons travaillé sans relâche.

Dès le lendemain, nous sommes sur le terrain pour imaginer et commander le matériel nécessaire aux nouvelles installations. Nous allons construire des nouveaux murets afin de protéger les arbres existants et laisser la végétation reprendre vie et augmenter ainsi la surface végétale de la zone. Nous souhaitons réaliser une plateforme en bois à deux niveaux, identique à celle que l’on trouve dans les enclos des ours, avec le traditionnel hamac que les plantigrades affectionnent tant. Nous allons également réaliser un toit en bois sur le couloir d’entrée où des affiches et photos apporteront des informations sur la faune du Cambodge. D’autres petites améliorations et modifications seront réalisées en parallèle si le temps nous le permet.

Ce soir, au parc zoologique on fête le nouvel an avec quelques jours d’avance, car le personnel devra être mobilisé durant la semaine d’affluence entre le 13 et le 16 avril. L’orchestre et les danseuses sont en place et les jeux traditionnels débutent. On assiste à une course où deux participants doivent transporter d’un point A à un point B un œuf dans une petite cuillère serrée entre les dents. Le gagnant est celui qui amène le plus d’œufs dans le vase qui se trouve au point B. Pendant ce temps l’orchestre joue derrière un mur d’enceintes crachant leurs décibels et rendant toute discussion entre convives impossible. Des jeunes danseuses, trop maquillées et serrées dans des tenues très colorés, semblables à celle des majorettes en France, exécutent des chorégraphies qui régalent le public. Le jeu suivant consiste, pour le participant qui a les yeux bandés, de casser avec un gourdin, un vase rempli de farine suspendu à une poutre. Toute l’assistance crie et rit aux éclats lorsqu’un des concurrents casse le pot de terre d’où s’échappe un énorme nuage de poudre blanche. On commence à nous apporter les plats, la charmante femme de Nev qui se trouve à côté de moi se sert et m’invite à en faire de même. Je me sers du riz et de la viande en sauce et m’aperçois qu’une fourmi est tombée dans le riz ; je l’écarte discrètement de mon assiette et découvre qu’il y en a une autre que je dissimule sous le rebord de l’assiette. Je regarde la viande et là, des dizaines de fourmis baignent dans la sauce et sur la viande. La femme de Nev se penche alors vers moi et m’indique avec un sourire au coin des lèvres que c’est un plat traditionnel et que les fourmis sont là pour donner du goût. Nous rions tous les deux et je déguste finalement ce plat étrange dans lequel je ne sens pas vraiment le goût des fourmis. Au Cambodge comme au Laos, la bière coule à flot pendant les fêtes et nous devons trinquer presque à chaque gorgée. Les verres se remplissent aussi vite que nous les buvons. Le retour à la maison va être difficile.

Au centre, nous travaillons avec des ouvriers cambodgiens qui ont une résistance incroyable à la chaleur. Le manque de matériel et de matériaux ralentit les travaux, mais le nouvel an arrive et nous devons stopper le chantier entre le 13 et le 17 avril pour rendre la zone aux visiteurs qui se pressent pendant les vacances.

Nous profitons de ces quelques jours pour visiter Phnom Penh et la tristement célèbre prison S21 dirigée par Duch durant le régime Khmer rouge. Nous avons eu l’occasion de nous documenter sur la période où ces combattants révolutionnaires ont tenté de créer un pays autosuffisant en opposition totale avec le système capitaliste dans lequel nous vivons actuellement. Le principe de dictature du prolétariat prônée par Mao était la référence absolue du régime et des camarades comme Duch. Mais la paranoïa des dirigeants et la haine envers les cambodgiens qui avaient pactisé avec le diable capitaliste lors du coup d’état soutenu par les américains ont entraîné une épuration ôtant la vie à environ 2 millions de personnes, soit un ¼ de la population de l’époque.

Nous avons pris le temps de regarder à nouveau le documentaire « Duch, le maître des forges de l’enfer » qui nous permet de prendre du recul sur cette période trouble de l’histoire. Cet ancien professeur de mathématiques nous expose sans détour sa vision des faits nous permettant de mieux comprendre les rouages du parti dirigé par Pol Pot.

Nous décidons de nous rendre dans le sud afin de revoir la mer que nous n’avons pas vue depuis 2 ans. A Kep nous découvrons une ancienne station balnéaire où les riches cambodgiens et les français avaient construit de superbes villas. Dans cette ville, symbole de l’enrichissement personnel, les Khmers rouges ont détruit l’ensemble des propriétés. Les traces sont encore bien visibles mais la ville se reconstruit petit à petit et accueille de plus en plus de touristes. Nous nous baignons dans une eau si chaude qu’elle ne nous rafraîchit pas et prenons le soleil sur une plage de sable fin. Les cambodgiennes se baignent habillées et certaines d’entre elles semblent découvrir la mer pour la première fois. Des groupes arrivent entassés dans les bennes de camion de marchandises avec des sacs de crabes et des gambas achetés au marché du village. Transporter des dizaines de personnes dans ces camions est habituel au Cambodge et nous en croisons souvent à la sortie des usines de textiles à la périphérie de Phnom Penh.

La maison où nous vivons est située à côté d’un grand temple bouddhiste et les cérémonies pendant la période du nouvel an sont quotidiennes. Tous les soirs, la musique est tellement forte que l’on se croirait près d’une discothèque. Nous entendons des musiques traditionnelles mais également de la techno, ce qui nous intrigue. Nous nous rendons sur place et découvrons un spectacle étonnant, des haut-parleurs énormes sont posés dans une remorque de tracteur dans l’enceinte même du temple et une centaine de personnes déchaînées dansent à quelques mètres de l’immense statue de Bouddha. Imaginez-vous organiser une soirée techno sur le parvis de la basilique de Lisieux ; eh bien avec les bouddhistes c’est possible.

Une fois le nouvel an passé, nous reprenons notre activité sur le chantier de l’aire de jeux. Les températures sont extrêmes, et nous enregistrons 50° sur le toit que nous sommes en train de couvrir de rondins de bois. Cette couverture doit résister aux macaques qui ont la réputation de détruire tout ce qui leur passe entre les mains, comme par exemple mes lunettes de soleil dont je n’ai pu sauver que les verres.

Nous mettons le turbo dans la dernière semaine et Matt, son équipe et surtout les enfants sont très satisfaits des modifications apportées à l’aire de jeux. Nous avons donné une impulsion et les membres de l’équipe sont motivés pour poursuivre ce projet qui est maintenant entre leurs mains. Nous devons quitter le pays en empruntant la route 7 qui nous permettra de rentrer au Laos par le sud. Le paysage de rizière est toujours aussi monotone, mais nous traversons enfin des forêts dans le nord-est. C’est dans cette zone que les ours sont les plus nombreux, mais malheureusement la forêt laisse souvent place à d’immenses plantations de palmier à huile. Cette saloperie est partout et les Cambodgiens commencent à céder à l’appel de ces sirènes, poison de la biodiversité en Asie et en Indonésie. Je peux vous assurer que lorsqu’on voit le désastre engendré par la production d’huile de palme, on regarde les étiquettes de ce que l’on achète et on BOYCOTTE, ici, en Europe et ailleurs.